Roger Bacon (1214 - 1294)
P
hilosophe, théologien et savant anglais, l'un des penseurs les plus influents du XIIIème siècle, surnommé le "Docteur admirable" par ses pairs.A
près des études à Oxford, puis à Paris, Bacon entre dans l'ordre des franciscains et s'attaque au commentaire d'Aristote, qu'il contribue à faire connaître. Assez rapidement, pourtant, il s'éloigne de cette pensée et s'oriente vers des études scientifiques. Bacon critique sévèrement la science de son époque ; en 1267, à la demande du pape Clément IV, il écrit son Opus majus ("Oeuvre principale"), où il défend la nécessité d'une réforme des sciences, à partir de nouvelles méthodes d'approche des langues et de la nature. Cherchant à s'affranchir de la scolastique, Bacon considère en effet que les mathématiques et l'expérimentation sont les seuls moyens de parvenir à une connaissance de la nature, et certains voient en lui le précurseur de la pensée scientifique moderne. L'Opus majus est une encyclopédie de la science dans toutes ses branches, comprenant grammaire et logique, mathématiques, physique, recherche expérimentale et philosophie morale. Les thèses révolutionnaires de Bacon sur la science lui valent cependant d'être condamné pour hérésie par les franciscains, et de passer quinze années en prison, jusqu'en 1292. Il écrira Compendium studii theologiae ("Recueil d'études de théologie", 1292) qu'il laisse inachevé à sa mort. En dépit de ses connaissances scientifiques, Bacon adhère à certaines croyances de son temps, et fonde les sciences naturelles sur l'alchimie, l'astrologie et la magie. Mais bon nombre d'inventions ont été mises à son crédit, mêmes si certaines d'entre elles ont sans aucun doute été inspirées des ouvrages des scientifiques arabes qu'il avait étudiés (comme la poudre à canon). Bacon est ainsi à l'origine de découvertes en optique relatives à la réfraction, à la magnitude des objets célestes, et à l'augmentation apparente de la taille du Soleil et de la Lune à l'horizon. Malgré l'étonnante modernité de sa pensée, le système de Bacon reste encore très attaché à la théologie, sur laquelle il fait reposer la science et la philosophie.